Ecoles-Commerce.com ne réalise aucun classement mais propose une compilation de l’ensemble des classements des écoles de commerce publiés chaque année.
Ah, les fameux classements… nous savons combien ils comptent auprès des candidats et étudiants. Si nous devions résumer cet article en une ligne, ne retenez qu’une chose : il n’y a pas de classement des écoles de commerce qui ne soit pas arbitraire.
Ce que disent les étudiants
Sur Internet on assiste à de nombreuses discussions peu objectives, et les étudiants passent beaucoup de temps à débattre pour déterminer si telle école et au-dessus ou en dessous de telle autre école, classements à l’appui. On entend de tout en fonction de la personne que l’on a en face de soit : « il y a les parisiennes, et le reste ça se vaut », « il y a le top 5, puis le reste » diront les étudiants des 5 meilleures écoles mais aussi des moins bonnes (sous-entendu passées les 5 premières, le classement ne vaut rien et mon école classée 30e vaut la 6e…), ou encore « il y a le top 10, puis le reste » etc. Ce phénomène s’explique par le fait que les étudiants s’identifient fortement à leur école et à son classement : on reste diplômé de son école toute sa vie.
L’avis des entreprises, recruteurs et managers
Certaines entreprises utilisent des grilles de recrutement avec une liste d’écoles ainsi qu’un salaire associé pour chacune d’elle. Cela existe notamment pour les postes junior auprès de quelques grandes entreprises et plus particulièrement dans les secteurs les plus recherchés par les étudiants (luxe, conseil en stratégie) : avec de très nombreuses candidatures reçues, le nom d’une école peut être un critère de filtre parmi d’autres pour réduire la liste des candidats à recevoir en entretien.
En revanche dans l’immense majorité des cas, que ce soit auprès des grandes sociétés ou PME, les recruteurs connaissent les grandes tendances (les écoles excellentes, les correctes et les mauvaises) mais ne mémorisent pas le rang exact de telle ou telle école, ni les subtilités de tel ou tel classement. Comme le confirme une étude Linkedin auprès de 16 000 DRH, à la question « Pour le recrutement des cadres, faites-vous une distinction entre les différentes écoles de commerce ? », les recruteurs estiment en très grande majorité qu’ils ne font pas de différence entre les écoles de commerce et ne pas faire de distinction au niveau du salaire d’embauche. Tous les CV, les écoles et les étudiants se ressemblent, les managers recherchent surtout des compétences et des qualités humaines chez les candidats, avec malgré tout le diplôme d’une école suffisamment connue pour avoir une indication sur sa qualité (sans avoir à chercher).
Méthodologie des classements et leurs limites
Les classements permettent de s’épargner un travail de comparaison difficile à réaliser seul, mais ils comportent certaines limites que vous devez avoir en tête.
Comment sont réalisés les classements ? Sur la base de quels critères ?
Les classements n’ont rien d’officiel, il n’existe pas de vrai ou de faux classement… ils ne sont que le reflet de l’opinion de leur(s) auteur(s). L’intérêt des magazines est de proposer un classement différent des concurrents pour justifier leur propre classement (en jouant sur les critères mesurés et la pondération attribuée aux critères), mais sans toutefois bouleverser les grandes tendances pour rester crédible. Ainsi chaque magazine décide, de son propre chef, les critères quantitatifs qui détermineront qu’une école est bonne ou non :
- nombre d’étudiants recrutés
- nombre de professeurs permanents
- nombre de professeurs étrangers
- nombre de publications
- nombre d’étudiants envoyés en séjours internationaux
- nombre de campus à l’étranger
- montant de la taxe d’apprentissage perçue
Mais l’accumulation des critères utilisés (dont certains sont dénués de sens) ne rend un classement pour autant pertinent : quel est est la légitimité d’un magazine pour définir les bons critères à prendre en compte, ou à l’inverse de ne pas en avoir oublié, ou encore d’ajouter des critères non pertinents qui viennent polluer les résultats ?
Fiabilité incertaine et informations non vérifiables
Dès lors que l’on mélange plusieurs critères il est tout simplement impossible de réaliser un classement sans une forte part de subjectivité, sinon comment expliquer qu’une école située à la 15e place dans un classement puisse être 8e dans celui d’un magazine concurrent (ou parfois au sein du même magazine, d’une année sur l’autre..) ? Sans compter que pour réaliser les classements, une grande partie des informations communiquées par les écoles ou les étudiants sondés sont biaisées : juges et parties, les écoles et leurs étudiants/diplômés savent très bien qu’en répondant plutôt favorablement aux sondages des magazines, leur école et leur diplôme en profiteront, ce qui incite bien évidemment les répondants à orienter positivement leurs réponses (sur leur satisfaction, leur niveau de salaire etc.).
« C’est la foire aux mensonges sur tout : les salaires des diplômés, le nombre d’enseignants, des départs à l’étranger… Les seuls chiffres dont je suis sûr, ce sont ceux des concours, notamment grâce aux statistiques SIGEM (dont le but est de répartir les candidats entre les écoles). » explique Patrick Fauconnier, fondateur du magazine Challenges
Les dernières écoles sont-elles de mauvaise qualité ?
Les classements des Grandes Ecoles de commerce pénalisent les « dernières » écoles, sont-elles vraiment mauvaises ? Si l’on prend la dernière et la première des classements, évidemment l’écart entre les 2 écoles est grand, toutefois il ne faut pas oublier que les classements se limitent environ à une quarantaine d’écoles, les plus réputées et délivrant le grade de Master, sur un total de 250-300 écoles de commerce en France. A titre de comparaison il existe environ 200 écoles d’ingénieurs.
Cette école est au dessus ou en dessous de telle autre ?
Autre critique que nous pouvons formuler à l’encontre des classements, c’est la nécessité de placer systématiquement une école avant ou après une autre, alors que l’écart entre certaines écoles est totalement arbitraire et parfois mince… mais les lecteurs retiendront (à tort) qu’il y a X places d’écart entre 2 écoles. Autre exemple, si on prend le fameux « top 10 », est-ce que tout le monde (étudiants, entreprises, RH..) place les mêmes 10 écoles dans ce top ? Sans compter que cela place à tort l’école suivante (la 11e), en dehors de ce groupe.