Depuis quelques années le paysage des écoles de commerce s’est totalement transformé. Des écoles très reconnues depuis plusieurs dizaines d’années – même de grandes structures – disparaissent ou deviennent des poids légers du fait que les autres aient fusionné. Les meilleures écoles actuelles, le seront-elles encore demain ? Nous vous proposons en ce mois de janvier 2017 une projection des différents scénarios possibles (parfois loufoques on vous l’accorde) sur les 10 prochaines années, sans gêne et sans retenue.

Attention, avant que certains se révoltent à propos de certains scénarios, nous rappelons que nous n’avons pas la prétention de lire l’avenir, il s’agit de pure fiction et en aucun cas une quelconque forme de d’analyse prédictive. Le but étant de lister tous les cas possibles.

A noter que l’on ne choisit pas une école sur son devenir, ce qu’elle pourrait hypothétiquement être dans 5 ou 10 ans (que ce soit positif ou négatif). Votre diplôme est surtout un sésame pour votre début de carrière, vous devez choisir le meilleur établissement pour vous à l’heure actuelle.

Nous vous proposons de voter (à la fin de l’article) sur les scénarios les plus probables selon vous :

 

Lire plus : Comment les étudiants des écoles de commerce envisagent-ils le futur ?

 

Les accréditations deviennent has-been

La « course aux accréditations internationales » prend fin, toutes les écoles se sont conformées aux mêmes standards et elles disposent toutes de la triple accréditation AACSB-EQUIS-AMBA, et même les nouvelles accréditations asiatiques, et russes qui finissent par voir le jour. Moins de 0.2% des écoles au monde disposent de ces 7 nouvelles accréditations, bien que les plus prestigieux établissement tels que Harvard, Stanford, Columnbia ou le MIT ne soient accrédités « que » de l’AACSB et continuent à se désintéresser des autres labels.

 

Changement de noms encore et encore

Le noms des écoles « Ecole de commerce de » ou « ESC », permettant autrefois une meilleure visibilité, disparaissent définitivement. En passant par les historiques ESCAE (Ecoles Supérieures de Commerce et d’Administration des Entreprises), puis ESC (Ecoles Supérieure de Commerce, puis EM (Ecoles de Management), puis MS (Management School), puis BS (Business Schools) ou SB (Schools of Business), sans compter les nombreuses écoles ayant leur propre appellation.., de nouveaux noms difficiles à mémoriser continuent de voir le jour au fil des années.

 

Lire plus : Choisir sa future vi(ll)e pour ses études

 

Un brand name / des campus

Terminé l’école de commerce de [ville], désormais toutes les écoles finissent par s’implanter sur tout le territoire (notamment à Paris) et même à l’étranger. HEC-ESSEC-ESCP n’ont plus le privilège de la région parisienne, désormais c’est uniquement la force du brand name qui permet de distinguer les écoles entre elles. Prenons l’exemple de Skema, avec ses cinq campus (Lille, Sophia, Paris, mais aussi Suzhou, en Chine, et Raleigh, aux Etats-Unis – en attendant une sixième implantation au Brésil), qui se souviendra dans 10 ans qu’à l’origine il s’agissait de l’école de commerce de Nice et de Lille ? SKEMA sera-telle associé à Lille et Nice, plus qu’à Paris ?

 

Poursuite des fusions entre écoles de commerce

La fusion entre écoles apparaît comme la solution quasi systématique, invoquant de soi-disant économies d’échelle. Pourtant Fusion ne rime pas nécessairement avec qualité et les critiques au gigantisme sont nombreuses : en quoi une institution qui rassemblerait le plus grand nombre conduirait à un enseignement de meilleure qualité ou à une meilleure intégration des étudiants dans la vie active ? L’enseignement individualisé, la dimension humaine et l’ambiance quasi « familiale » (qui ont fait la force des écoles face aux Universités) tendent à disparaître : un établissement de 1.500 élèves n’a plus rien à voir avec un mastodonte de 10.000 étudiants, qui plus est répartis sur plusieurs campus et plusieurs villes.

Malgré tout, d’autres écoles sont contraintes de fusionner elles aussi pour continuer à exister sur la scène internationale : de petites écoles provinciales fusionnent (un « FBS like »), GEM et EMLyon fusionnent véritablement pour détrôner les parisiennes, mais HEC Paris et ESCP Europe fusionnent pour donner naissance à « HEC Europe » et creuser un fossé avec ses poursuivantes. Finalement, comme avec les fusions des années précédentes, aucune école ne bouge véritablement de place.

 

Fusions entre écoles d’univers différents

Pour rivaliser avec les Universités Chinoises qui rassemblent plus de 50 000 étudiants par établissement, les écoles de commerce françaises font le choix de fusionner avec au sein de « comUE » (des structures déjà existantes) réunissant des établissements de divers horizons : universités, écoles de commerce, écoles d’ingénieur etc. à l’image de la fusion entre l’école de commerce de Strasbourg (IECS) et l’IAE de Strasbourg qui a donné naissance à l’EM Strasbourg. Par exemple l’actuelle comUE ParisTech fusionnerait toutes les écoles partenaires en une seule et même école, imaginez : Polytechnique, l’école des Ponts, l’école des Mines et HEC. ou encore la comUE Hesam fusionnerait avec ses actuelles écoles partenaires : La Sorbonne, ESCP Europe, l’ENA. De quoi donner le vertige !

 

Disparition des écoles implantées dans les « petites » villes

Les grosses écoles proposent toujours un peu plus de places dans leur promo conduisant à la mort inévitable des plus petites écoles déjà pénalisées par une situation géographique peu favorable où la population n’excède pas 150 000 habitants. Après les ESC Chambéry, ESC Saint -Etienne, ESC Amiens (Grande Ecole), l’ESCEM (Grande Ecole) et Novancia, d’autres écoles n’attirent plus assez d’étudiants et doivent fermer leur porte.

 

Et même disparition des écoles françaises les plus réputées

Les plus grandes parisiennes ne seraient-elles pas elles aussi vouées à mourir, ruinées face à la concurrence internationale où les business School étrangères disposent de moyens considérables comparé aux nôtres.

«  On n’est pas à l’abri d’un accident ­industriel, prévient Loïck Roche, président du Chapitre des écoles de management, y compris parmi les établissements bien classés. Les écoles sont mortelles.  »

HEC est bloqué par son nom, bien qu’étant l’une des plus réputées en France, l’école n’a pas le privilège du nom « HEC » dans le monde entier, en résulte d’autres écoles portant le même nom : HEC Liège, HEC Montréal, HEC Lausanne, HEC Tunis etc. des écoles n’ayant pourtant aucun rapport avec HEC Paris. Alors si HEC Paris décidait de s’implanter à l’étranger, comment être sûre qu’il s’agisse de la grande école HEC Paris et non un énième « HEC like » ? ESSEC, réussira t-elle à s’imposer à Singapour, sur un marché asiatique inondé d’université de renom. ESCP réussira t-elle à nourrir et faire grandir ses 6 campus et en faire une vraie école internationale et pas simplement l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris implantée dans 5 autres villes ?

 

Fin ou adaptation de la prépa

Les étudiants comprennent qu’il devient de plus en plus facile d’intégrer une meilleure école (hors top 5) en passant par les admissions parallèles plutôt qu’après une prépa, et finissent par délaisser cette formation devenue obsolète bien qu’intellectuellement plus riche.

Ou encore, devenue incompréhensible au niveau international, la prépa passe à 3 ans en devenant une sorte de « pré-Master ».

 

Fin du concours Ecricome

Anciens groupes prestigieux réunissant les meilleures écoles de commerce provinciales, Ecricome ne compte plus que 2 écoles situées autour de la 10e place. Comment justifier un concours propre pour seulement 2 écoles ? KEDGE et NEOMA finissent par réintégrer la BCE comme toutes les autres écoles.

 

Montée en puissance de l’Université et des IAE

Les Universités et les IAE, soutenus par l’Etat, finissent par s’imposer lentement mais sûrement. Les IAE sont de plus en plus nombreux à intégrer le Financial Times et les classements nationaux, faisant de ces établissements le meilleur rapport qualité/prix dans un contexte où les tarifs des formations deviendront de plus en plus élevés.

 

Implantation de grandes institutions internationales en France

A l’image de la stratégie des écoles françaises s’implantant dans plusieurs pays, de prestigieux établissements étrangers tels que Harvard, Stanford et le MIT viennent ouvrir elles aussi des programmes en France.

 

La fin d’une seule école pour toute une vie, mais un parcours multi-écoles à la carte

Désormais les étudiants ne sont plus diplômés de l’école « X » ou « Y », mais diplômés du module comptabilité de HEC et du module marketing Toulouse BS par exemple. Les étudiants ne sont plus élève d’une seule et unique école, mais construisent un parcours à la carte en fonction des spécificités propres à chaque école selon leurs choix de carrière.

 

Création d’une école de commerce mondiale by Google

En plus de ces nombreux certificats en ligne, Google finit par créer un véritable établissement mondial et s’impose à travers le monde entier. Bernard Belletante le directeur de l’EM Lyon l’avoue : « Imaginez que Google et l’université de Stanford se rapprochent… On est mort. »

 

A vous de voter et rdv dans 10 ans 😉

Quel avenir pour les écoles dans 10 ans selon vous (plusieurs choix possibles) ?

  • Poursuite des fusions entre écoles de commerce (13%, 93 Votes)
  • Fin du concours Ecricome (12%, 81 Votes)
  • Montée en puissance de l’Université et des IAE (11%, 76 Votes)
  • Fin ou adaptation de la prépa (10%, 68 Votes)
  • Disparition des écoles implantées dans les « petites » villes (9%, 64 Votes)
  • Création d’une école de commerce mondiale by Google (8%, 55 Votes)
  • Changement de noms encore et encore (8%, 53 Votes)
  • Fusions entre écoles d’univers différents (7%, 51 Votes)
  • Un parcours multi-écoles à la carte (7%, 47 Votes)
  • Les accréditations deviennent has-been (6%, 43 Votes)
  • Un brand name / des campus (5%, 33 Votes)
  • Implantation de grandes institutions internationales en France (4%, 31 Votes)
  • Et même disparition des écoles françaises les plus réputées (1%, 5 Votes)

Nombre de votants : 213

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