Mardi 8 novembre se tenait une conférence de The Shift Project pour présenter les résultats et recommandations de leur projet ClimatSup Business.
Celui-ci avait été lancé en novembre 2021, à l’initiative d’Audencia – rejoint depuis par d’autres établissements comme Montpellier Business School ou l’EM Normandie, ou par des entreprises telles que CNP Assurances, le Commissariat général au développement durable (CGDD) et le consortium Finance ClimAct-.

Le but de ce projet était clair et précis : le think thank* devait dresser un bilan des formations dans l’enseignement supérieur (écoles de commerce incluses). Comment réussir à former les acteurs de l’économie de demain, en intégrant les limites physiques planétaires dans les formations, et en adaptant les cursus existants ?  Car aujourd’hui, nous sommes conscients que la transition écologique, les modes de productions et de consommation futurs en dépendent.

De nos jours, il est en effet indispensable que les étudiants soient informés et formés aux enjeux socio-écologiques actuels. L’objectif étant de parvenir à atténuer l’impact du changement climatique, et préparer la société aux bouleversements écologiques à venir.

 

Le ClimateSup Business : pourquoi ce projet ?

Face à l’urgence planétaire, les jeunes générations ont besoin d’être formées pour accompagner le changement. Il est nécessaire qu’ils possèdent de nouvelles compétences qui sont actuellement quasi-inexistantes dans le monde de l’entreprise. Il faut agir et vite car les enjeux sont graves. La nouvelle génération challenge donc désormais les écoles/universités, ainsi que leurs entreprises, pour s’assurer que ce point soit pris en compte. Leurs attentes se font de plus en plus grandes en matière de responsabilité environnementale et sociétale des entreprises, ils veulent que les acteurs privés agissent. Certains acteurs n’ont donc pas attendus et profitent de leur avance pour renforcer leur attractivité auprès des nouveaux talents.

Afin de faire face aux menaces qui pèsent sur notre planète et l’humanité, il est important de transformer les acteurs de l’économie, que ce soit pour notre société ou les individus. Il est important que les universités et écoles de commerce aient conscience de leur rôle à jouer. Elles sont en effet attendues au tournant par les (futurs) étudiants.

S’emparer de cet enjeu et « mettre à jour » les formations proposées est donc un enjeu d’attractivité majeur pour les établissements du supérieur.

 

Quelles ont été les différentes étapes du ClimateSup Business ?

  • Etape 1 :
    • Le think tank a dressé l’état des lieux des formations -initiales et continues- aux enjeux socio-écologiques (très peu nombreuses à l’heure actuelle)
    • Il a également réfléchi à la façon dont il serait envisageable de préparer les futurs cadres à ces défis, au prisme des besoins des entreprises et des attentes des étudiants
  • Etape 2 :
    • Le think tank a réfléchi à la liste des connaissances et compétences qui devraient être acquises pour comprendre les implications des enjeux socio-écologiques pour la société et pour leur activité professionnelle
  • Etape 3 :
    • Le think tank a défini et mis en œuvre un plan d’action accompagné de recommandations sur la transformation des formations afin d’aider les écoles de commerce et les établissements d’enseignement supérieur à intégrer ces enjeux dans leurs formations existantes
  • Etape 4 :
    • Le think tank a porté le projet auprès des parties prenantes à travers un cycle de conférences d’intérêt général et la diffusion de ressources pédagogiques

 

 

Les réflexions du ClimateSup Business

– La rédaction d’un rapport** -publique et accessible à tous- détaillant le projet (méthodologie et mise en œuvre) et présentant les résultats avec des propositions concrètes et pertinentes, dont :

  • La redéfinition d’un socle de connaissances et de compétences recommandées (165h d’enseignement) en tronc commun -outil à destination des enseignants et responsables pédagogiques- qui décrit les connaissances et compétences à intégrer dans les cours obligatoires enseignant les fondamentaux de la gestion :
  • Des recommandations sur les actions à mener par chaque partie prenante :
    • L’Etat doit :
      1. Impulser la dynamique en définissant une stratégie nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le climat avec l’objectif de 100% des étudiants formés aux enjeux écologiques
      2. Créer un cadre académique incitatif
      3. Donner davantage de moyens aux établissements pour accompagner leur transition
    • Les directions des établissements doivent :
      1. Former leur personnel, administratif et enseignants (qui déclarent vouloir intégrer les enjeux écologiques à leur cours mais n’en ont pas le temps)
      2. Inclure les enjeux écologiques dans leur stratégie, avec ambition et cohérence, dans les enseignements, la recherche, le campus, les pratiques et la gouvernance
      3. Mobiliser des moyens humains et financiers adaptés aux transformations à mener et collaborer avec d’autres établissements pour faire avancer le sujet
      4. Diagnostiquer leur situation initiale et identifier leurs atouts sur lesquels s’appuyer
      5. Définir le socle de connaissances/compétences communes et l’intégrer aux enseignements existants
      6. Piloter l’intégration de ce socle dans tous les programmes de manière cohérente
    • Les enseignants doivent :
      1. Se former et apporter les modifications nécessaires à leurs cours/programme de recherche sur la base du socle de connaissances et de compétences
      2. Partager leur cours retravaillés (et matériels pédagogiques) pour permettre la diffusion et la propagation de l’évolution des enseignements
      3. Faire remonter leurs attentes et celles des étudiants à l’administration de l’établissement
      4. Animer les cours afin de rendre les étudiants acteurs de leur apprentissage
    • Les étudiants doivent :
      1. Interpeller & témoigner (auprès de leurs pairs, des associations, lors d’événements)
      2. Se former aux enjeux écologiques
      3. Faire remonter leurs attentes à leurs enseignants ou à l’administration de leur établissement
    • Les entreprises doivent :
      1. Devenir des acteurs de la transition écologique en intégrant ces enjeux dans leur stratégie, leur financement, leurs opérations et leurs recrutements
      2. Former leurs collaborateurs aux enjeux écologiques
      3. Recruter des collaborateurs compétents sur les enjeux écologiques
    • Enfin, concernant les accréditations et les classements, il faut :
      1. Accorder aux enjeux écologiques un poids supérieur à tous les autres critères dans l’évaluation
      2. Valoriser l’intégration des enjeux écologiques dans les enseignements
      3. Évaluer quantitativement et qualitativement l’impact des actions menées
      4. Assurer la transparence de la démarche, de la méthodologie, et des données, et croiser les sources
  • Des discussions et concertation avec les parties prenantes (écoles, enseignants, chercheurs, étudiants, responsables RSE…) sur le long terme pour initier des réflexions partagées dans le but d’actualiser l’enseignement de manière collaborative, au fil de l’avancée de la connaissance dans le domaine

Certaines écoles de commerce précurseurs ont déjà commencé à se lancer dans la transition de notre économie, des métiers du futur, et à transformer leurs formations et leurs pratiques. C’est le cas d’Audencia, de l’ESSEC, de Montpellier Business School ou bien encore d’Excelia. D’autres écoles de commerce suivent le mouvement.

Un signe très encourageant pour montrer que les écoles de commerce ont compris le rôle-clé qu’elles peuvent avoir dans la transition vers la décarbonation de l’économie.

Retrouvez le rapport complet et d’autres documents sur le sujet ici.

Lire plus : The Shift Project x Audencia : former les acteurs de l’économie de demain

 

*D’après le site larousse.fr : un « think tank » est un cercle de réflexion émanant généralement d’institutions privées, et apte à soumettre des propositions aux pouvoirs publics (recommandation officielle : laboratoire d’idées).

**Réalisé sur la base d’entretiens et d’ateliers impliquant plus de 150 personnes représentatives des acteurs de l’enseignement supérieur en gestion et des professionnels de la gestion.